Au fond de moi, j’ai toujours su que j’étais gay. Mais je n’avais voulu me l’avouer réellement. Quand je demande à mes proches s’ils avaient des suspensions quant à mon homosexualité, la réponse est négative à l’unanimité. D’un côté, j’en tire une fierté car je me dis que j’ai réussi à les duper sans trop de difficultés. Mais d’un autre, cela me blesse terriblement et j’ai l’impression d’avoir perdu dix-huit ans de ma vie avant de faire ce coming out.

Habitant Bruxelles, j’avais la chance d’être dans une grande ville, où je n’étais pas reconnu. Où je n’étais pas fiché. Où je n’étais pas critiqué. Je me fondais dans la masse. J’avais une copine, avec laquelle j’étais heureux, nous avions fondé des projets. J’essayais de me convaincre qu’il s’agissait là du vrai bonheur, du bonheur traditionnel que vivent des milliers de belges.

Mais je n’y arrivais pas. Je regardais des hommes dans la rue et je ne pouvais que difficilement contrôler cette envie. Tout me disait et me rappelait que j’allais contre ma vraie nature. Au fond, je ne suis pas si différent de ce que pensait mes parents de moi. Juste que je préfère être avec un garçon.

J’ai quitté ma copine cela fait maintenant deux ans. Cela fut difficile, je me demandais constamment si je n’étais pas en train de tout foutre en l’air. Cela me stressait, mais je savais que je faisais le bon choix.

Mon ex a retrouvé un copain, a un enfant en route et semble parfaitement heureuse, c’est tout ce que je lui souhaitais !

Quant à moi, j’ai rencontré mon copain peu après. On partageait beaucoup de choses et il vivait une situation assez similaire à la mienne. C’est grâce à un site de rencontres que nous nous sommes connus, par nos affinités notamment.
N’ayant lui non plus pas fait son coming out, nous avons décidé de nous unir dans la difficulté et faire chacun le nôtre en même temps.

La première chose que j’ai ressenti, c’est un stress intense qui me paralysait. Mais pourquoi devais-je me mettre dans un tel état alors que ce que j’annonce n’est qu’un choix personnel qui ne regarde que moi ?

C’est dans cette optique que je me suis rendu chez mes parents pour leur annoncer la nouvelle. Devant la porte, je tremblais littéralement, je n’avais rarement eu de tels frissons ! Mais je suis entré et leur ait annoncé la « nouvelle ». Avec un recul, je suis peut-être allé un petit peu trop droit au but … Mais j’en avais besoin et j’avais une telle crainte du contraire.

Quand on fait son coming out, le plus difficile est la réaction de ses proches. Bien souvent, elle est quasiment imprévisible. Les mentalités ont évolué et j’y ai cru à 100 %. À Bruxelles, mes parents connaissent un couple homosexuel et cela n’a jamais été l’objet de critiques virulentes quant au mode de vie choisi par ce couple. Ma mère a relativement bien réagi, je ne m’y attendais pas. Elle m’a simplement avoué être un petit peu déçu de ne pas avoir de petits-enfants mais il y a l’adoption. Cependant, elle est heureuse pour moi. Et elle a même convié mon copain à un dîner pour faire connaissance. Mon père, où j’étais plus réticent au départ, a salué mon courage et m’a dit que cela ne changerait rien entre nous.

J’étais soulagé, tout s’était bien passé, contrairement à mon copain où ses parents ont eu besoin d’un peu plus de temps. Ils l’ont finalement accepté. De toutes manières, ils n’avaient guère le choix mais c’est toujours mieux quand cela se passe bien.

Après cette dure étape dans la vie d’un homosexuel, je me sentais terriblement soulagé. J’osais me balader dans Bruxelles avec mon copain sans craindre les regards. Bien sûr, il y a toujours des personnes fières d’avoir repérer des gays dans la rue et qui le font savoir. Mais on s’en fiche. On est heureux, nous sommes un couple épanoui comme n’importe quel autre couple. On se fond dans la masse, on s’amuse et on vit notre vie !

Si c’était à refaire, je ne me voilerais pas la face, c’est certain.

Assumer son homosexualité en Belgique au XXIe siècle n’a plus rien de traumatisant.
J’en faisais toute une montagne mais je me stressais inutilement. Je me dis que j’aurais dû vivre davantage ma vie sans me soucier du regard des autres et ce qu’ils en penseraient. On a qu’une vie, pourquoi la passer à se soucier de ce qu’en penseront les autres ?

Maintenant, je suis heureux avec mon copain, on monte des projets progressivement et nous arrivons à un réel équilibre, comme n’importe quel autre couple (et comme je le faisais avec mon ex copine). Tout en sachant au fond de moi que j’ai pris la bonne décision et que je suis maintenant sûr de mon choix de vie.

À ceux qui n’ont pas encore fait leur coming out, je vous dirai simplement de déstresser et de ne pas en faire une montagne inutilement. Être gay n’est pas une maladie, ce n’est pas un choix. C’est simplement une partie de vous que vous pouvez choisir d’assumer ou de refouler tout en sachant que vous vous priverez d’un bonheur certain. Pour ma part, le choix est fait et je ne reviendrais en arrière pour rien au monde. Je ne pensais pas réussir à avouer cela à mes proches. Bien sûr, le reste de la famille fut au courant, certains l’ont bien pris et c’est tant mieux, d’autres plus mal, mais cela m’importe peu au final, j’ai choisi d’assumer et tant pis s’ils ne l’acceptent pas. Si vous hésitez à vous lancer dans votre coming out, dîtes-vous que vous annoncez juste quelque chose qui vous rendra plus heureux.

Pourquoi ne pas l’accepter dès lors ?

Vous vous sentirez tellement libéré une fois fait que vous trouverez ridicule les excuses qui vous retenaient de le faire auparavant. Personnellement, je ne regrette rien et je suis heureux.

Que demander de plus ?